SuperNote a sorti il y a peu la SuperNote Manta, un appareil noir et blanc 10 pouces qui fait suite à la SuperNote A5X. Attendue depuis plusieurs mois, cette A5X2 apporte quelques modifications majeures. Est-ce l’appareil ultime pour prendre des notes et lire ses livres numériques ?
Hardware : des formes sympas, un écran durable, des specs plus que suffisantes.
La A5 X2 Manta n’est pas toute plate. Elle a un design très particulier, et est plus épaisse à certains endroits, où se situent des éléments qui justifient cette épaisseur : en son centre, où l’on retrouve la batterie et la carte mère, et sur certains bords (port USB, MicroSD…). C’est de là que lui vient son nom, qui fait référence à la Raie manta… Elle mesure 251.3 x 182.6 x 6mm (9.9″ x 7.2″ x 0.24″) au centre et 3.6mm (0.14″) à son point le plus fin. Elle père 375 grammes (13.2 onces), ce qui est peu pour une tablette de 10.7 pouces de diagonale.
L’écran repose sur la technologie Mobius, et offre une résolution de 1920 x 2560 pixels, en noir et blanc (avec différents niveaux de gris, bien entendu). 300 ppi donc, et pas d’éclairage LED. Officiellement c’est pour améliorer la latence de l’appareil et la sensation lors de l’écriture que Ratta (le fabricant des SuperNotes) a décidé de rester sur cette technologie. Il est clair que la latence est très bonne, et que le contraste est bon, mais ce choix peut interroger alors que les appareils concurrents (comme la reMarkable Paper Pro et la Onyx Boox Note 4 C) sont construits autour d’un écran couleur et disposent d’un éclairage.
Pour les autres specs, on retrouve un processeur Rockchip RK3566 avec 4 coeurs ARM Cortex-A55, 4GO de RAM et 32G0 de stockage interne avec un lecteur de carte supportant des cartes MicroSD jusqu’à 2T0. Bien entendu, il y a toujours un port USB 2.0 (type C) et connexion Wi-Fi et Bluetooth. Cependant, tout cela n’est pas le plus important. Depuis quelques années déjà, le hardware est suffisamment performant. En effet, les appareils e-Ink sont généralement utilisés pour lire et/ou prendre des notes. C’est donc surtout sur le logiciel qu’il faut se pencher afin d’évaluer un appareil. Contrairement à un PC destiné au graphisme ou aux jeux vidéo, une tablette e-Ink n’a pas besoin d’un processeur surpuissant. Si le logiciel est bien optimisé, elle peut par contre être utilisée plusieurs jours voir semaines entre deux charges, et offrir une latence quasi nulle à l’écrit, pour une sensation au plus proche du papier…
Logiciel : Chauvet, un système minimaliste à base d’Android.
Le système d’exploitation utilisé par SuperNote est dénommé Chauvet. Il s’agit d’un système basé sur Android 11. Basé, car Ratta utilise Android un peu comme d’autres utilisent le noyau Linux : la SuperNote Manta n’est clairement pas une tablette Android équipée d’un écran e-Ink et de quelques applications dédiées à la prise de note, comme le sont les appareils proposés par Onyx Boox. La SuperNote est… une SuperNote.
Sur cet appareil, l’expérience utilisateur est spécifique. En général, les utilisateurs ne s’y font pas ou adorent. Et cette customisation poussée d’Android se retrouve sur le matériel: la Manta dispose de deux barres latérales, permettant de rafraichir l’écran ou d’accéder à un menu à partir duquel l’utilisateur peut accéder aux documents récemment ouverts, à ses applications préférées ou passer d’un document en cours de lecture à un fichier de prise de note.
L’application de prise de note est bien finie, et regorge de fonctionnalités (mots clés, conversion de texte manuscrit vers texte tapé hors ligne, couper-coller, etc.). Si certaines se retrouvent sur la plupart des appareils du marché, d’autres comme le système de mots clés très poussé est propre à SuperNote.
Concernant la lecture de documents, l’appareil est un des meilleurs choix du moment pour qui cherche à lire et annoter des documents PDF. Il ouvrira sans soucis de nombreux formats d’eBooks, mais l’expérience est alors – à mon sens – un peu moins bonne. Il n’est par exemple pas possible de modifier la manière dont s’affiche un ePub une fois que celui-ci a été annoté, et l’interface dédiée aux formats de ce type est moins confortable et moins fluide que sur une liseuse dédiée à cette activité, comme une Kobo.
Cependant, la polyvalence de l’appareil est à souligner. Ce n’est pas l’appareil idéal pour qui veut faire des croquis, mais pour qui veut écrire et lire des documents (PDF et/ou ePub), voire relire des documents .docx, c’est un appareil tout à fait adapté.
Il est possible d’installer des applications tierces, mais il n’y a pas d’accès direct au PlayStore, et le fait que l’appareil tourne sur une version d’Android relativement vieille ne permet pas d’utiliser toutes les applications. En somme, c’est un appareil pertinent pour qui souhaite utiliser les applications avec lesquelles il est fourni, et éventuellement installer un ou deux programmes supplémentaires. Ce n’est pas l’appareil idéal pour qui cherche une tablette e-Ink à utiliser comme une tablette. La Boox Note Air 4 C est plus adaptée à cet usage (mais moins durable!).
Les points forts de la Manta.
La SuperNote Manta me semble être un très bon choix pour qui veut un appareil durable et minimaliste. En effet, les fonctionnalités de base sont présentes et matures tant pour la lecture que l’écriture, c’est un appareil fiable, solide, qu’il est possible de transporter avec soi en cours, au bureau ou en vacances sans craintes.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, la SuperNote Manta peut être ouverte facilement, ce qui permet de remplacer sa batterie ou un éventuel composant défaillant. L’écran Mobius fait partie des écrans à encre numérique les plus fiables.
Certes, elle n’est pas en couleurs, mais est-ce un problème? Si l’objectif est de lire des livres et de prendre des notes, on peut très bien se passer de la couleur. Le contraste est meilleur qu’avec les écrans couleurs actuels, et le choix d’un écran souple fait que ce dernier ne devrait pas casser, or, vu leur coùt et la fragilité de certains modèles, l’écran est l’élément qui peut rendre une tablette e-Ink ou une liseuse inutilisable.
Très légère, ce qui est accentué par le folio minimaliste, qui se glisse dans des petites fentes et ne vient pas ajouter une seconde couche sous la tablette, comme c’est souvent le cas, l’appareil est agréable à prendre en main comme à transporter. Son écran est à la fois assez grand pour lire confortablement la plupart des PDF ou prendre des notes, et à la fois d’une dimension qui permet à l’appareil de se faire oublier dans un sac à dos ou une valise.
Si l’entreprise derrière le produit reste viable sur le long terme et peut fournir des composants de rechange en cas de besoin sur plusieurs années, c’est probablement l’appareil le plus durable du marché, de part sa conception permettant de le réparer facilement et de remplacer sa batterie par une neuve, après quelques années d’utilisation.
Que vaut-elle face à la concurrence?
Disponible en Europe chez le distributeur supernote.eu au prix de 620 euros – en choisissant les options les moins chères – la Mantra vaut presque 200 euros de plus que la Kindle Scribe 2024, qu’on peut trouver à 429 euros hors remises, chez le géant américain de la vente en ligne. Elle est moins chère que la reMarkable Paper Pro qui vaut un peu plus de 800 euros à options équivalentes, mais cette dernière est équipée d’un écran couleur de dernière technologie (plus fragile que l’écran qui équipe la Manta, mais… en couleur!) et d’un éclairage LED, bien pratique pour lire quand il y a une faible luminosité. Son prix est légèrement plus élevé que celui de la Boox Note Air 4 C, que l’on trouve à environ 550 euros – soit presque 100 euros de moins – sur Amazon…
Elle est peut-être plus à comparer à la reMarkable 2, quoi que nous sommes sur deux produits tout à fait différents. En fait il est clair que la spécificité des tablettes e-Ink SuperNote réside dans la philosophie de l’entreprise, qui a choisi une tout autre voie que reMarkable et qu’Onyx Boox. Quand Onyx sort plusieurs appareils chaque année – des tablettes grand public sur lesquelles sont adaptés des écrans e-Ink – SuperNote prend le temps, et sort un appareil tous les deux ou trois ans, sans très grande évolution technique mais en utilisant des composants testés, une architecture solide et en promettant (et c’est une différence fondamentale!) d’assurer un suivi logiciel et matériel sur le temps long. Quand reMarkable s’oriente vers un système d’abonnement pour rentabiliser l’appareil sur le long terme, SuperNote fait payer un peu plus cher, mais donne ensuite accès à toutes les fonctionnalités, pour toujours et sans coûts cachés.
En gros SuperNote se positionne comme un acteur en rupture avec l’obsolescence psychologique encouragée par la plupart des constructeurs. En produisant des appareils conçus pour être durables et réparables par n’importe qui, la marque tente de s’imposer comme le fabricant par excellence d’appareils e-Ink performants et durables, à la fois polyvalents et minimalistes. Des appareils certes basiques, mais qui font ce qu’on leur demande, le font bien, et devraient pouvoir le faire durant de nombreuses années.
Il est clair que la SuperNote Manta n’est pas pour n’importe qui, mais pour qui cherche l’appareil le plus durable du moment, c’est très probablement un bon choix. Il faudra suivre, dans les mois qui viennent, le sort que subi la SuperNote A5X : sera-t-elle abandonnée, comme la SuperNote A5 alors que le constructeur promettait des mises à jour régulières? C’est cela qui nous indiquera le sort à long terme de la SuperNote Manta. Quoi qu’il en soit, il est clair que le suivi logiciel sera bien plus long que celui proposé par Onyx Boox, et que l’appareil pourra fonctionner, même une fois qu’il ne recevra plus de mises à jour. Les pièces détachées devraient quand à elle être disponibles sur le long terme. En effet, la batterie est probablement l’élément qui sera à changer le plus rapidement, et on devrait en trouver en ligne à moindre coût et pour longtemps, par exemple chez AliExpress. La carte mère est quant à elle similaire à celle de la SuperNote A6X, ce qui permet d’envisager un marché de l’occasion pour les pièces de SuperNote, si par aventure le constructeur disparaissait dans quelques années…
Si SuperNote tient ses promesses, développant peu de nouveaux appareils mais assurant un support à long terme de chaque génération, ses tablettes e-Ink peuvent être le meilleur choix sur le temps long. Si par contre c’est uniquement une stratégie marketing, ça ne change pas grand chose, car les appareils concurrents ne sont pas aisés à réparer et certains (notamment les tablettes Onyx Boox) sont produits pour être rapidement abandonnés par le constructeur : une SuperNote vieillira forcément mieux sur ce plan.
Si les appareils étaient plus ouverts sur le plan logiciel (à l’image de reMarkable, qui permet d’accéder, en tant qu’utilisateur root, au système d’exploitation de sa tablette!) il serait alors possible d’imaginer qu’un écosystème libre voit le jour autour du hardware produit par Ratta/SuperNote. Ce serait alors la garantie de pouvoir utiliser les appareils sur le temps long, de pouvoir choisir entre différentes expériences utilisateurs, et de bénéficier de mises à jour même en cas de faillite de la société. Pour l’instant, malgré la promesse réitérée à plusieurs reprise par ses community managers, le système d’exploitation des appareils SuperNote reste relativement fermé, mais cela peut évoluer à l’avenir.
Bonjour,
que pensez vous de la Notea de chez Bookeen en comparaison de la Boox et de la remarkable? merci
Bonjour.
A mon sens la Notea est l’appareil le moins intéressant des quatres. La version d’Android utilisée (8.1) est trop ancienne et il n’y a pas de réel suivi que ce soit sur le plan logiciel ou matériel. Une Boox sera un meilleur choix si l’objectif est d’acquérir un appareil performant pour y faire tourner des appli du playstore (Android + récent et matériel bien plus performant).
De plus, l’écran de la Notea est fragile (Carta). C’est un problème qu’on retrouve sur la reMarkable, mais le logiciel de la reMarkable est plus travaillé.
A mon avis une SuperNote Manta est la meilleure option à l’heure actuelle pour prise de note / annotation de PDF en N&B (durable, logiciel performant, complet et efficace), et une Boox récente (la 4C à l’heure actuelle) est le meilleur choix si l’appareil doit être aussi polyvalent que possible tout en étant performant sur les fonctions de base (lecture et prise de notes). Il faut cependant prendre en compte le fait qu’il est peu probable que Boox fournisse des mises à jour logicielles sur le temps long, contrairement à SuperNote et reMarkable.
Cet appareil a l’air vraiment bien, par contre il serait encore mieux avec un éclairage intégré!
C’est clair, à mon avis c’est le principal point noir de l’A5X2, mais si on suit leur raisonnement c’est cohérent (évite de rajouter une surcouche). Cela dit à mon avis le gain en confort ne serait pas négligeable, surtout pour lire le soir / à faible luminosité.
Celles et ceux qui utilisent des appareils SuperNote, quelles astuces avez-vous trouvé pour lire à faible luminosité?
Personnellement, je n’ai pas trouvé mieux que bureau + lampe… Certains utilisent des petites lampes « liseuses » qui se fixent avec une petite pince sur les livres (et ici la tablette). Je n’ai pas trouvé cela satisfaisant, car le poids total devient non négligeable et l’éclairage n’est pas très homogène. Je trouve plus confortable de lire dans un endroit correctement éclairé.
Merci. C’est clair que tout objet rajouté à l’appareil est bien moins agréable qu’un bon éclairage…