Onyx Boox a sorti il y a quelques jours sa Note Air 3C, une tablette dotée d’un processeur surpuissant, d’un écran e-Ink (encre digitale) en couleur. Qu’est-ce qu’elle vaut, et comment se place-t-elle par rapport aux modèles concurrents? Tour d’horizon…
Hardware : un appareil doté des dernières innovations technologiques
Niveau matériel, on ne peut qu’être impressionnés par ce que fourni Boox, largement en avance sur les autres fabricants. On retrouve un CPU ARM Qualcomm avec 4 cores à 1,90 GHz et 4 cores cadencée à 2.80 Ghz (probablement une puce Snapdragon 680), 4 GO de RAM, un détecteur d’empreintes et – surtout – un écran e-Ink couleur (Kaleido 3) avec un rétroéclairage adaptable.
L’avantage d’un écran e-Ink, par rapport à un écran classique (LCD) est qu’il permet d’utiliser l’appareil confortablement en plein soleil, et est moins fatiguant quand l’appareil est utilisé comme un support de lecture. Historiquement, ces écrans avaient une limitation : ils étaient en noir et blanc. Depuis quelques temps, des écrans couleurs ont vu le jour. Ils n’ont, sur le plan technologique, rien à voir avec des écrans LCD. En fait on retrouve toujours une couche N&B en 300 ppi (donc avec un très grand nombre de pixels et une résolution élevée) mais celle-ci est complétée par une couche couleur d’une résolution légèrement plus faible, de seulement 150 ppi, et capable d’afficher environ 4 000 couleurs différentes. Le noir et blanc reste donc plus précis que la couleur, ce qui est une bonne chose car les textes, mais aussi les menus de l’appareil sont en noir. La couleur n’est pas aussi éclatante que sur un écran LCD ou OLED, mais ce n’est pas l’objectif recherché: on peut utiliser l’appareil en plein soleil, et c’est ça qui démarque les tablettes e-Ink qui se rapprochent pas d’autres aspects des tablettes « classiques » (utilisation du système Android, possibilité d’installer les applis du PlayStore, etc.) de ces dernières : bien qu’étant des tablettes, ce sont des tablettes spécifiques. L’ajout d’une couche de couleur rend par contre le contraste un peu moins bon que sur les modèles uniquement en noir et blanc, étant donné que cette couche rajoute un peu d’épaisseur, ce qui peut se percevoir même quand l’on utilise pas cette possibilité, et qu’on se contente de lire ou d’écrire en noir et blanc. Il est à noter que, pour qui n’est pas intéressé par la couleur mais accorde beaucoup d’importance au contraste, Boox devrait (à confirmer!) sortir une version uniquement N&B de la Note Air 3 C prochainement, qui devrait offrir un meilleur contraste.
Ce qui est important avec ce genre d’appareils, ce n’est pas uniquement l’écran mais aussi la couche externe de ce dernier, celle sur laquelle on écrit. Et là, il faut dire que Onyx a fait un bon boulot. Si, il y a quelques années, la reMarkable 1 puis reMarkable 2 étaient les reines incontestées dans le domaine du « cahier numérique », et ce notamment grâce à la texture unique de la couche de matière sur laquelle on écrit sur ces appareils, plus proche du papier que jamais, cela a changé progressivement. Tout d’abord Supernote a innové dans ce domaine (et continue d’innover, avec le lancement de leur nouveau film d’écran) en proposant une expérience bien différente. Ensuite, Amazon avec son Kindle Scribe est venu révolutionner ce marché en proposant un appareil produit par un gros fabricant et plaçant la barre assez haute pour ce qui est de la prise de notes et du confort d’écriture. Comment s’en sort Onyx Boox, sur la Note Air 3C? Pas mal du tout : l’expérience d’écriture est très agréable, offrant à la fois une certaine résistance et une souplesse appréciable qui fait que l’on a pas l’impression d’écrire sur un bout de verre.
A l’usage : polyvalence et fluidité.
Sur le plan logiciel, on se retrouve comme tous les appareils du fabricant (et une bonne partie des tablettes e-Ink du marché, reMarkable faisant maintenant figure d’exception) avec un système d’exploitation basé sur Android. Si certains fabricants, comme Supernote, utilisent Android comme une base qu’ils allègent au minimum avant d’y construire « leur » système, Boox propose une expérience utilisateur proche de celle que l’on peut retrouver avec n’importe quelle tablette Android. Il est donc possible d’installer toutes les applications du PlayStore, dont les boutiques / librairies Kobo et Kindle, ce qui est pratique pour qui dispose d’une collection de livres chez un de ces vendeurs. Il est aussi possible de naviguer sur le web, de répondre à ses emails, de suivre des flux RSS… bref, de faire tout ce que l’on peut faire avec une tablette dotée d’un écran LCD.
Sauf que là, on est sur un écran e-Ink. La fréquence de rafraichissement n’a rien à voir. Est-ce un problème? A l’usage, pas vraiment, même si l’appareil est plus confortable pour lire et annoter des documents au format PDF que pour regarder des vidéos sur YouTube. Le système est optimisé afin de permettre tout usage, et on peut regarder des vidéos sans difficulté.
Au niveau des taches principales pour lesquelles ce genre d’appareil est intéressant, c’est à dire la lecture et l’écriture, la possibilité d’installer des applications complémentaires peut être un vrai plus, mais ce n’est franchement pas la peine : les applications fournies par Boox permettent de lire et d’annoter confortablement la plupart des documents (ePub, Mobi, PDF, DOC, etc.). A l’usage, les principales fonctionnalités sont facilement accessibles. Le fait que l’appareil dispose d’un écran couleur permet de surligner des textes de différentes couleurs. Les surlignages peuvent ensuite être exportées avec le document, tout comme les annotations. On peut aussi découper l’écran en deux, afin de lire sur une moitié de l’écran et prendre des notes sur l’autre moitié.
La polyvalence de l’appareil est un point positif, qui peut aussi être une source de distraction. Encore une fois, nous ne sommes pas vraiment ici face à une liseuse, appareil minimaliste doté d’un écran e-Ink et permettant de lire confortablement, mais d’une véritable tablette, avec laquelle on peut travailler sur des livres ou articles académiques, mais aussi surfer sur le web ou regarder des vidéos en streaming. Ce qui peut être vu comme un avantage certain, mais comme un point noir pour d’autres, qui préfèreront opter pour un appareil plus minimaliste afin d’éviter toute source de distraction possible.
Par contre, avec son écran couleur, son processeur puissant et la possibilité qu’il nous donne de l’utiliser comme toute tablette Android, l’appareil souffre d’un défaut : il est gourmand en énergie. La batterie, bien que délivrant plus de 4000 mAh peine à tenir plus de deux jours d’usage intensif. Si on utilise l’appareil uniquement pour lire et écrire, avec le Wifi éteint, il est possible de le recharger au bout de 3 jours avec un usage intensif, voir tous les weekend avec un usage léger : rien à voir avec les liseuses, ni même avec les tablettes e-Ink plus minimalistes, comme la Supernote A5X, qui peuvent tenir plusieurs semaines sur une charge !
Conclusion
La Boox Note 3C est un appareil puissant, doté des toutes dernières technologies et notamment un écran Kaleido 3 de plus de 4 000 couleurs. L’utilisation en lecture, tant de documents PDF que d’eBooks est satisfaisante, tout comme la prise de note, que ce soit au niveau de l’interface logicielle ou de la texture sur laquelle on écrit.
Avec ce modèle, Onyx Boox montre que le constructeur chinois est vraiment devenu un acteur incontournable du petit monde de l’encre digitale. Disponible facilement sur Amazon, et donc disponible dans la plupart des pays et avec de grandes facilités de retour et la garantie d’un support client sérieux, l’appareil risque de s’imposer comme un incontournable et est, a à peine plus de 500 euros, clairement un des meilleurs rapport qualité / prix du moment.
ll y a par contre quelques points négatifs à prendre en compte avant de se ruer sur cet appareil : tout d’abord l’autonomie de l’appareil, qui est limitée et implique de pouvoir le recharger régulièrement en cas d’usage intensif. Ensuite, le suivi long terme offert par Onyx Boox sur le plan logiciel. En effet, jusqu’à maintenant ce dernier se désintéresse assez rapidement des appareils mis sur le marché dans le passé, préférant proposer – et donc vendre – de nouveaux appareils très régulièrement. Ce n’est pas moins de 20 appareils que l’entreprise à mis sur le marché en trois ans… Pour la Boox Note 3 C, Onyx affirme que les mises à jour seront disponibles pendant 3 ans, mais si l’on se tient au suivi logiciel des appareils produits ces dernières années, il n’y a jusqu’à maintenant en général plus de mise à jour un an après la sortie de l’appareil.
A l’heure actuelle (fin Octobre 2023), l’appareil vient de recevoir une mise à jour et le « security patch » d’Android est daté d’Aout 2023 ! L’appareil est donc pour l’instant réellement à jour, ce qui est rassurant pour un appareil avec lequel on peut être amenés à naviguer sur le web. Mais combien de temps cela sera-t-il le cas ?
Le probable arrêt des mises à jour dans quelques années n’est pas forcément problématique pour qui souhaite utiliser son appareil sur le long terme, mais uniquement si cet usage est centré sur la lecture et l’écriture. Il suffira alors de conserver l’appareil hors ligne, et il fort probable que les fonctionnalités offertes alors par la tablette soit suffisante pour de nombreuses années : telles qu’elles sont maintenant, les capacités en écriture et annotation de l’appareil sont largement suffisantes pour écrire ou travailler sur des documents. C’est par contre problématique pour qui veut utiliser cet appareil pour consulter ses emails ou naviger sur le web : sans mises à jour de sécurité, l’appareil sera possiblement vulnérable. De plus, la difficulté à maintenir à jour certains logiciels pourra devenir problématique au bout de quelques années. C’est aussi un facteur à prendre en considération, car ce choix de rendre obsolète un appareil alors qu’il pourrait fonctionner de longue années est très problématique sur le plan éthique, à l’heure d’une crise écologique indéniable, ces appareils étant extrêmement couteux à produire, tant en énergie qu’en matières premières et en travail humain…
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Elle a l’air pas mal du tout! L’ajout d’une couche couleur + l’éclairage adaptatif n’éloigne pas trop du texte? De mémoire Supernote disait vouloir rester en N&B sans éclairage pour éviter de rajouter de la latence.
En tout cas bel appareil, l’alu ça rend mieux que le plastoc! Dommage que le suivi logiciel ne soit pas à la hauteur du matos…