Il y a peu de liseuses ou tablettes à encre numérique (e-Ink) au format A4. Pourtant, c’est le format idéal pour lire des documents A4, ou bien pour couper l’écran en 2, et lire un livre (PDF ou ePub) d’un coté, et prendre des notes de l’autre… Avec la Boox Tab X, le constructeur chinois Onyx propose un produit performant et très polyvalent. Quelles sont ses caractéristiques, points forts et points faibles? Est-ce le bon appareil pour votre usage? Essayons d’y voir plus clair…
Matériel: grand écran et puces puissantes
Niveau hardware, la Boox Tab X a de quoi impressionner: bâtie autour d’un écran e-Ink de 13.3 pouces, elle dispose d’un processeur Qualcomm Snapdragon à huit cœurs, de 6GO de RAM, 128 GO de stockage interne, mais aussi d’un capteur de gravité permettant une rotation automatique de l’affichage ainsi que de la connectivité Bluetooth qui rend possible d’y brancher un clavier… Son écran est basé sur la technologie Mobius (flexible), ce qui est une bonne chose étant donné que l’écran est la partie la plus fragile d’un appareil de ce type, ce qui – quand le choix n’est pas, comme ici, celui d’un écran flexible – réduit considérablement la durée de vie de l’appareil, si celui-ci est utilisé de manière nomade, ou s’il tombe accidentellement… La résolution est de 2200 x 1650 pixels (207 dpi) ce qui permet un affichage net et précis et est parfaitement adapté à cette diagonale. On reste par contre sur un écran en noir et blanc, contrairement à la Boox Note Air C, la petite sœur en 10 pouces de la Boox Tab X. Est-ce un problème? Pas forcément!
En effet, la technologie Kaleido 3, utilisée pour les écrans couleurs vient rajouter une couche couleur par dessus l’écran N&B, ce qui rajoute de l’épaisseur à l’appareil, mais surtout vient assombrir – très légèrement – le fond blanc, et donc a des conséquences négatives sur le contraste. Ici ce n’est pas le cas : la distance entre la surface extérieure, sur laquelle on écrit et le fond est réduite au minimum, ce qui améliore le contraste. Pour travailler sur des documents ou écrire en noir et blanc, c’est l’idéal.
L’appareil est également doté d’un système d’éclairage qui vient éclairer le texte non pas par le dessous, comme sur un écran LCD, mais par les cotés, donnant l’impression que la lumière vient du dessus. Cet éclairage est réglable (lumière blanche à plus ou moins jaune), et assez homogène. Il peut être utilisé en journée pour améliorer légèrement le contraste.
Logiciel: Android 11, polyvalence et réactivité
Sur le plan logiciel on n’est dans la droite ligne de ce que propose Onyx avec toutes ses tablettes e-Ink Boox : une version de Android adaptée à l’encre digitale, et un petit panel d’applications maison pour les fonctionnalités de bases, c’est-à-dire lecture, annotation de documents et prise de note.
La Boox Tab X est très agréable à utiliser, et son système d’exploitation couplé à des applications adaptées permet d’exploiter au maximum les possibilités données par les spécificités techniques : on tourne l’appareil en « mode paysage »? L’affichage s’adapte aussitôt. On veut profiter de la grande diagonale d’écran pour lire un livre d’un coté, et prendre des notes de l’autre? Il est possible de diviser l’écran en deux!
Les applications de lecture et d’écriture sont complètes et adaptées à l’encre numérique (e-Ink) : la fluidité est au rendez-vous et toutes les fonctionnalités de base sont là : ouverture de la plupart des documents écriture sur les documents, surlignages exportables intégrés à un PDF, outils de base pour tracer des cercles, etc.
L’appareil ouvre nativement la plupart des types de fichiers (PDF, DJVU, CBR, CBZ, EPUB, AZW3, MOBI, TXT, DOC, DOCX, FB2, CHM, RTF, HTML, ZIP, PRC, PPT, PPTX, PNG, JPG, BMP, TIFF et pour ce qui est des fichiers audio, WAV et MP3), et de par l’utilisation d’Android, il est possible d’installer la plupart des applications du PlayStore. On peut donc installer l’application Kindle, ou Kobo, et profiter de sa bibliothèque avec son appareil ! On peut aussi synchroniser facilement ses fichiers avec différents services de cloud. Mais l’appareil ne se limite pas à ces fonctionnalités, qu’on retrouve sur la plupart des « liseuses avancées » (SuperNote A5X, reMarkable 2, etc.). Sur la Boox Tab X, comme sur tous les appareils proposés par Onyx, diverses activités multimédia sont envisageables. On peut par exemple regarder des vidéos sur YouTube, et même lancer quelques jeux. Est-ce l’appareil idéal pour cela? Clairement pas : pour un usage multimédia, mieux vaut une tablette, dotée d’un écran LCD, voire un ordinateur, néanmoins il est possible de faire bien plus de choses qu’avec une « simple » liseuse ou un « carnet numérique », et c’est la force des tablettes à encre numérique Boox – et peut être aussi leur faiblesse, comme nous le verrons plus bas.
Le meilleur appareil 13.3 pouces ?
La Boox Tab X est une tablette e-Ink de qualité. C’est clairement l’appareil le plus polyvalent du marché, dans cette diagonale. C’est par exemple un appareil tout à fait adapté pour lire et annoter des documents PDF au format A4 (thèses, articles de revues scientifiques, livres mal scannés, etc.). C’est aussi un appareil qui sera tout aussi agréable à utiliser pour s’organiser, prendre des notes, écrire au soleil avec un clavier sans fil ou encore consulter ses e-mails. Mais cette polyvalence, permise par l’utilisation d’une version d’Androïd similaire à celle que l’on retrouve sur les tablette n’a pas que des avantages. Ceci est lié aux choix stratégiques du constructeur, qui cherche à stimuler la demande, au détriment du suivi logiciel des appareils commercialisés précédemment. Si à l’heure actuelle l’appareil tourne sous une version d’Androïd relativement récente (11), le constructeur fournira-t-il les mises à jour durant de longues années ? C’est très peu probable.
Si l’on s’en tient à l’approche suivie par Onyx ces dernières années, l’entreprise produit de nouveaux modèles, qui bénéficient des dernières technologies disponibles et utilise pour chaque génération une version récente d’Androïd… sans fournir de mises à jour aux appareils plus anciens. Plus la diversité des appareils produits par l’entreprise augmente, et plus la production de mises à jour pour les anciens modèles est complexe (chaque génération étant basée sur des puces différentes, des écrans différents, etc.) et coûteuse. Il est donc plus facile et plus rentable de produire de nouveaux appareils très régulièrement, que de fournir des mises à jour pour les appareils vendus précédemment. C’est une des formes que peut prendre l’obsolescence programmée : l’appareil ne va pas forcément pas tomber en panne au bout de x mois (les composants sont bien choisis, la construction qualitative !) mais il risque de devenir relativement rapidement dépassé sur le plan logiciel, entre autre par les nouvelles générations d’appareils Onyx Boox et cela quand bien même le hardware serait assez performant pour supporter des mises à jour logicielles durant de nombreuses années!
Pour qui souhaite avoir un usage déconnecté de l’appareil, ce n’est pas forcément un problème, car les applications de bases (liées à la lecture et l’écriture) fonctionneront durant des années et disposent déjà des fonctionnalités et outils nécessaire au travail sur tout type de documents, ainsi qu’à des tâches variées sur des documents vierges. Si ces fonctionnalités vous conviennent et vous suffisent, alors cela sera encore le cas quand l’entreprise ne proposera plus de mises à jour pour l’appareil ! L’ajout de nouvelles fonctionnalités est par contre très improbable : il faut que celles avec lesquelles il est livré vous conviennent.
Pour qui envisage un usage connecté sur le long terme, cette situation peut par contre s’avérer problématique : il y a fort à parier que dans maximum deux ou trois ans l’appareil ne recevra plus de mises à jour de sécurité, et, un peu plus tard, ne sera plus compatible avec les dernières versions des applications disponibles sur le PlayStore. C’est une approche qu’il est difficile d’encourager, alors que le coût écologique et social (terres rares, etc.) de ces appareils est loin d’être négligeable !
C’est néanmoins un des rares appareils e-Ink dotés d’une diagonale de 13.3 pouces, et dans cette catégorie, c’est le plus polyvalent. Son concurrent le plus intéressant, le Fujitsu Quaderno Gen 2 A4 (version améliorée du DPT-RP1 qui était produit par Sony, et n’est maintenant plus disponible) est bien plus limité, et difficile à se procurer en Europe; et s’il est tout à fait adapté au travail sur des documents PDF, il ne permet pas de faire grand chose d’autre quand la Boox Tab X permet d’envisager un nombre incalculable d’usages…
A vous de voir si ces quelques points sont problématiques pour votre usage ou non. Si c’est le cas, il pourra s’avérer pertinent d’évaluer si un appareil en A5 (10 pouces) peut convenir à votre usage, diagonale dans laquelle on retrouve plus de choix, dont des alternatives pour lesquelles des mises à jour logicielles sont garanties sur le temps long. Cela étant dit, dans la catégorie des appareils e-Ink 10 pouces, c’est aussi Onyx qui domine le marché pour ce qui est de la polyvalence, avec la Boox Note Air 3C : on se retrouve alors dans la même situation qu’avec la Boox Tab X. Pour trouver un appareil qui sera mis à jour sur le temps long, et qui verra ses fonctionnalités s’améliorer progressivement, il faut accepter de perdre en polyvalence, même dans une diagonale de 10 pouces. Si cette piste vous intéresse, je vous invite à lire l’article dédié aux appareils e-Ink (tablettes et liseuses) avec un écran A5 / 10 pouces. S’il vous semble que la Boox Tab X peut vous convenir, je vous invite à lire les avis sur la fiche produit Amazon en suivant le lien ci-dessous :